NOËL CHEZ LES PARENTS
Accessoires : Un sapin pliant, un canapé qui se coupe, un ‘‘cadeau’’, des lettres. Personnages : Martin (Pierre Palmade, noté PP) et Isabelle (Michèle Laroque, notée ML). Situation de départ : Martin lit la lettre, puis il y a un noir et la lumière revient avec personne sur scène, car Isabelle et Martin arrivent juste après.
ML : En tout cas c’est gentil d’être venu hein. Bon, ça va ? Tu t’sens biens ? ça va ? PP : Oui ça va ça va ça va, depuis Paris ça fait dix fois que tu me demande. En tout cas merci pour les secondes hein, ça, les Bidas en perm plus une colonie de vacances dans le même wagon, ça met bien de bonne humeur. C’est pour tes parents que chuis venu hein on est bien d’accord ? Hein c’est pas pour toi. Bon bah alors sonne. Et ben ? Bon dis donc t’es malade ou quoi ? Depuis la gare tu fais une drôle de tête. ML : Bon je t’ai dit dans ma lettre hein que mes parents y étaient vieux. PP : Oui tu m’as dit oui. ML : Qu’y étaient fragiles. Qui fallait les ménager. PP : Bon de toute façon chuis pas venu pour leur cassé la gueule. Puis je vais te dire, qu’ils aient eu envie d’me voir malgré notre divorce et ben, ça m’touche. Là j’avoue, chapeau, ils m’épatent les Tenardiers. Et que pour noël on ait décidé d’enterrer la hache de guerre et ben, c’est un beau cadeau que tout le monde fait à tout le monde. Tiens en parlant de cadeau ça devrait leur plaire c’est une maquette du Titanic. Avant qu’il ait coulé bien sur. Bon allez je sonne parce que… ML : Non tu sonnes pas. PP : Quoi je frappe ? ML : Non, tu frappes pas non plus. PP : Qu’est-ce ce qu’on fait on attend qu’ils devinent qu’on est là ? ML : Bon Martin faut que j’te dise quelque chose ça va rien changer pour toi alors ne t’énerve pas. PP : Ah non non non non non tu vas pas me sortir un truc désagréable pile juste avant de les voir. ML : Non c’est pas désagréable. Enfin bon je peux pas non plus te promettre que c’est agréable. C’est un peu original. Enfin inattendu en tout cas. PP : Oui c’est un peu long surtout je trouve. ML : Bon euh oui euh toi, toi tu le sais qu’on est divorcés ? PP : …………Oui. ML : Eh ben pas eux. Voilà. J’peux pas faire plus court hein. (elle va pour sonner et il l’arrête juste avant qu’elle appuie sur la sonnette) PP : Refait long parce que j’ai pas bien compris c’que tu viens d’dire. ML Bon bah je vais te le dilué, pour que ça passe mieux. J’ai… j’ai jamais jamais jamais jamais jamais jamais pu leur dire qu’on avait divorcés voilà. PP : Quoi ? ML : Non, j’ai toujours eu trop peur de leur réaction. PP : A….. attententententententen. Attend là t’es en train d’me dire, que tes parents pensent qu’on est encore mariés ? ML : Oui, et bah tu vois formuler comme ça c’est encore plus clair. PP : En un an t’as pas réussi à leur cracher le morceau ? C’est une blague ? C’est pas une blague. Mais mais t’es complètement givrée ma pauvre Isabelle ! Elle est complètement givrée ! Mais dis moi que c’est pas vrai ne me dis pas qu’on va arrivé chez eux leur faire croire qu’on est toujours ensemble ? ML : Chhhh ! PP : C’est pas possible. Alors là, là là on atteint des sommets de conneries ! ML : Chut ! PP : Elle m’aura tout fait. ML (à voix basse) : Oh quoi quoi quoi, tu leur a toujours tout dit à tes parents toi ? Hein, tu lui as dit à ta mère que t’avais perdu ta médaille de baptême hein tu lui as dit ça ? PP : NON ! ML : Chut ! PP (à voix basse) : Non c’est vrai je lui avait pas dit que j’avais perdu ma médaille de baptême. J’lui ai pas dit non plus que la semaine dernière j’avais cassé un verre, mais peut-être aussi que j’ai eu trop peut de sa réaction. ML : Ah d’accord tu penses qu’à toi ? Très bien, j’ai compris, on va sonné, on va leur dire « joyeux noël » juste derrière « on a divorcés » mes parents meurent la dinde on va la manger au cimetière. PP : Putain ! Moi qui voulais enterrer la hache de guerre, j’avais te la déterrer vite fait j’avais décapiter tout le monde. Tiens regarde c’que j’en fais de leur paquet tiens. (il écrase le paquet) ML : Oh non ! Deux heures, on en a pour deux heures tu vas pas mourir ! PP : Ca, c’est pas sur. (les parents ouvrent et le sapin s’ouvre en même temps) PP : Oh putain. ML : Ah……. Bonjour! Bonjour maman. BONJOUR PAPA ! PP (il reste dehors) : Ouais bonjour bonjour. ML : Bah rentre chéri tu vas pas rester dehors. PP : Si si chuis très bien ici commencez sans moi. ML (en allant le chercher) : Aujourd’hui il a manger un clown ! (elle ramasse le cadeau et entraîne Martin à l’intérieur) PP : Bonjour Josette. Ca va Maurice ? Ouais joyeux noël à vous aussi oui. ML : Oui ! Joyeux noël tout le monde, joyeux noël mon amour ! PP (en lui serrant la main) : Joyeux noël. ML : Très bien, très bien ouais. On a pris des premières non-fumeur, hein. On était comme des princes. PP : C’est vrai que venir en seconde ç’aurait été une punition. ML : Bah avec les tarifs couples on aurait tord de s’priver hein. PP : D’être en couple. ML : Bah oui. Bon bah viens t’asseoir chéri. PP : J’fais c’que j’veux. ML : C’est agréable…. ( il tire la moitié du canapé sur laquelle elle est était appuyé alors elle perd l’équilibre et se rattrape par terre) ML : Bon alors comment vous allez tous les deux ? Olala mais vous rajeunissez chaque année hein. (fort car elle parle à son père) C’est beau, après trente ans de mariage ! hein ? Non ça fait combien ? Ah oui nous, ah oui maman demande oui nous ça fait combien chéri ? PP : Et ben ça fait… ML : Nous ça fait… PP : Et ben ça aura fait 6 ans. ML (en tapant du pied) : Non ! PP : C’’est ça 6 ans l’année dernière, plus un 7. ML : Oui t’as raison maman. Elle a raison maman, 7 ans c’est un cap ! Ouais c’est ce qu’on dit toujours. PP : 6 ans on en parle moi mais c’est un cap aussi. ML : Bon, écoutez on verra bien je croise les doigts. PP : Voilà et moi les jambes tiens regardez. ML : Arrête j’te jure c’est pas drôle. Hein ? Bah si bien sur qu’y’a des petites chamailleries attend. Des, des petits nuages……(elle se lève et va vers lui) tigidigidi ! Mais pas d’orage ! PP : Mais, je sais Maurice qu’y’en a qu’une comme elle, je sais. J’ai décroché le gros lot ! Non pas le grelot, le gros lot ! Isabelle arrête de me tripoter les cheveux là ! Tiens va donc le faire un petit peu à ton père là il te voit pas si souvent. J’irais le faire à ta mère tout à l’heure tiens. ML : Pardon maman ? Les alliances ? Ah bah oui chéri maman demande où sont les alliances… PP : bah oui bah les alliances…….. c’est à toi qu’elle a posé la question hein. ML : Oui. Alors euh, les alliances, figurez-vous que… l’hiver….. euh……….. on les mets au pied. PP : C’est ça, au pied. Sous la chaussette bien sur hein, sinon c’est pas pratique. (elle lui tend la main alors il l’attrape et ils balancent leurs bras) PP : Hein ? Quoi d’neuf ? Ah bah quoi d’neuf quoi d’neuf euh….. ML : Bah quoi d’neuf euh… toujours la moitié de 18 ! (ils se lâchent la main) Ah bah si quoi d’neuf, la semaine dernière à la maison dans la cuisine. Oh raconte-le toi parce que moi je sais pas bien le raconter. Raconte-le. PP : Ah, oui bah oui euh……… ML : Ah. PP : Bon bah je vais vous le raconter alors euh…. ML : Aaaaah !! PP : …. C’qui c’est passé la semaine dernière euh… dans la cuisine euh… ML : Ecoute-le c’est très drôle hein ! PP : C’est vrai que j’le raconte bien. ML : Oui. PP : Alors euh…. ben on, on était dans la cuisine, pas très loin du salon. Le lave-vaisselle tombe en panne. Je démonte le filtre. Et qu’est-ce que je trouve ? Un ravioli. Voilà c’est fini. ML : Mais enfin là il l’a pas très bien raconter hein. Mais c’est vrai qu’il y met pas beaucoup du sien non plus hein. PP : Mais, puisqu’on en est aux anecdotes, raconte toi c’qui t’es arrivé. ML : Où ça ? PP : Dans la cuisine, pareil, le lendemain. ML : Ah ça ! Ah oui oui oui oui oui. Ca me reviens ouais. PP : Vous allez voir c’est… ! ML : Oui parce que euh… euh….j’étais euh, dans la cuisine donc. Et euh… j’ouvre une boite de ravioli…. Et de quoi est-ce que j’me rend pas compte ?……………………………………………… Il en manquais un. Ouais ouais ouais ouais ouais. PP : Y s’en passe des choses dans cette cuisine hein ? ML : Bon et sinon vous, vous savez où vous partez en vacances l’année prochaine ? Pardon maman ? Dans le jardin ? PP : C’est bien c’est pas loin. ML : Nous cette année ? On est allé en Grèce. PP (en même temps) : On est allé en Corse. ML : Non attend chéri, non c’est moi c’est parce que je confond toujours on était en Corse ou en Grèce ? Le sirtaki c’est ? PP : C’est la Corse, Corse, Corse, Corse ! Oui, très belle île Maurice, euh… ML : Hein ? Nous l’année prochaine ? PP : Et bah ça j’avais t’dire hein. ML (en se déplaçant vers lui, puis en s’asseyant à côté de lui) : Ah bah si, l’année prochaine, on va chez la mère de Martin. Que j’aime beaucoup. PP : Chez ma mère ? ML : Ouais. PP : Que t’aime beaucoup ? Donc on part en vacances à Melun. ML : Voilà voilà. Bah oui parce que j'me suis renseignée ils annoncent du beau temps cet été sur Melun. Attend mais on parle on parle et les cadeaux ? Eh, ils sont grands maintenant plus besoin de passer par la cheminée on peut leur offrir les cadeaux. (elle se lève en l’entraînant avec elle) PP : Les cadeaux ? ML : Oui. PP : Viens par là deux secondes. ML : Des petits secrets d’amoureux ! PP : Moi j’te signale tout de suite, je tiens pas une minute de plus. Alors ou tu leur dit ou j’m’en vais. ML : Alors moi vivante tu ne sortiras pas d’ici. PP : Alors tu leur dit. ML : Plutôt crever. PP : Alors c’est moi qui leur dit. Bien alors, Josette, Maurice… ML (elle le coupe) : On va danser pour vous ! Bebapeloula she’s my baby, bebapeloula I don’t need a baby… PP : Bon alors ou tu leur dit ou je te lâche. ML : Bah lâche-moi ! PP : T’es sûre ? ML : Bon d’accord j’leur dit arrête. PP : Bien. ML : Tata pou ! PP : Pou ! Voilà c’est fini. Alors euh on commence par mes cadeaux ? Bien alors Maurice ça c’est pour vous joyeux noël. C’est une maquette du Titanic. Après qu’il ai coulé bien sur ? Non mais vous le déballerez après parce que là, Isabelle à quelque chose à vous dire. Hein ? ML : Je…… je…. Je je joueyeux noeuel ! PP : Oui mais, annonce-leur. C’est l’annonce faite à Maurice. ML : Papa, maman. Martin et moi il y a 6 ans, 7 ans, nous nous sommes mariés. Et euh… Il y a 1 an. L’année dernière donc, 5 ans plus tard, d’un commun accord, comme de nombreux couples, nous avons décidés (roulements de tambour) d’adopter un ptit cambodgien. |